Gentamicine

Présentation

Groupe des aminosides

Particularités : Toxicité systémique limitant l’utilisation en dernier recours lors d’infections sévère à Gram-négatif.

Classification EMA : non classé

Mécanisme d'action

Bactéricide concentration-dépendant.

Fixation à la sous-unité 30S des ribosomes bactériens provoquant des anomalies dans la synthèse des protéines.

Le transport à l’intérieur des bactéries est possible via un transport oxygène-dépendant. Les bactéries anaérobies sont donc résistantes.

Possède un effet post-antibiotique.

Résorption

  • - Résorption orale : faible voire nulle

    • * La résorption intestinale est très augmentée lors d’entérite hémorragique ou nécrotique

    • * Donner avec l'alimentation en cas de désordre intestinaux

  • - Résorption parentérale (SC, IM) : quasi complète.
  • - Utilisation topique principale

Diffusion

Os et liquide synovial
Cœur
Vésicule biliaire
Oreille (accumulation)
Rein (accumulation)
Ascite, liquide pleural, péricardique, péritonéal

LCS (variations de 0 à 50% des concentrations sériques)
Poumon et fluide bronchique

Œil

Remarque :

Les aminosides traversent le placenta et peuvent être toxiques chez le fœtus.

Elimination

Elimination inchangée dans l’urine par excrétion rénale (filtration glomérulaire) lors d’administration parentérale.

Accumulation dans le tissu rénal. Lors d’insuffisance rénale, les risques d’accumulation et de toxicité sont augmentés.

Spectre d'action

Résumé :

Action principalement sur les bactéries aérobies à Gram-négatif.

Aucune activité sur les bactéries anaérobies ou les bactéries aérobies en condition anaérobie.

Activité contre certaines bactéries à Gram-positif.

Activité sur la majorité de Pseudomonas aeuriginosa, certaines souche de Staphylococcus résistant à la méticilline, E. coli, Klebsiella, Proteus et Mycoplasma.

Détails

Habituellement sensible ( < 2 µg/ml)
E. coli
Klebsiella spp.
Proteus spp.
Serratia spp.
Yersinia spp.
Campylobacter spp.
Pasteurella spp.
Pseudomonas aeruginosa
Staphylococcus aureus
Corynebacterium spp.
Enterobacter spp.

Inconstamment sensibles
Streptococcus spp.

Résistantes (> 8- 16 µg/ml)
Bactéries anaérobies
Bactéries en condition anaérobie
Pseudomonas aeruginosa (certaines souches)
Autres bactéries à Gram-positif

Remarques :

Les CMI sont issus des concentrations systémiques de la molécule. Lors d’utilisation locale ou topique, ces valeurs sont à interpréter avec recul. Les concentrations obtenues localement sont beaucoup plus importantes et peuvent être efficace sur les bactéries considérées résistantes.

Toxicité/Effets indésirables

Les aminosides ont une toxicité beaucoup plus importante que la plupart des antibiotiques. Parmi les effets indésirables, on retrouve :

  • - Ototoxicité et néphrotoxicité suite à l’accumulation dans ces deux tissus. La raison évoquée est une concentration supérieure aux autres tissus en certains phospholipides ;
  • - Bradycardie, hypotension et réduction de l’éjection cardiaque lors d’injection intraveineuse rapide ;
  • - Blocage neuromusculaire, notamment lors d’administration avec un produit anesthésique ;
  • - Œdème facial ;
  • - Douleur/inflammation au site d’injection ;
  • - Plus rarement, des signes gastro-intestinaux, hématologiques et hépatiques.

Les facteurs de risques de la toxicité des aminosides sont :

  • - Durée de thérapie supérieure à 7 à 10 jours ;
  • - Administrations multiples par jour ;
  • - Acidose et désordre électrolytique (hypokaliémie et hyponatrémie) ;
  • - Hypovolémie ;
  • - Fièvre ;
  • - Sepsis;
  • - Association avec une molécule néphrotoxique;
  • - Age extrême (nouveau-né/patient gériatrique);
  • - Maladie rénale préexistante;

Contre-indications

Les aminosides sont à éviter chez les patients allergiques à ces molécules. Du fait de leur utilisation en dernier recours lors d’infection sévère, il n’y a pas de contre-indication absolue à leur usage. Il important de rappeler que les aminosides doivent être utilisés avec précautions lors de maladie rénale préexistante, fièvre, sepsis et chez les animaux d’âge extrême.

Le monitoring de la fonction rénale doit être réalisé par la recherche de sédiment urinaire et le suivi des paramètres sanguin (urée et créatinine).

Bilan

LA GENTAMICINE POSSEDE UN POTENTIEL TOXIQUE IMPORTANT PAR VOIE SYSTEMIQUE. UTILISATION SUITE A UN ANTIBIOGRAMME.

Peut être utilisé contre les germes sensibles à la gentamicine en cas de :

Topique :

- Otites externes

- Kératites

- Conjonctivites


Locale (Aérosol, implant ou perfusion régionale) :

- Ostéomyélites

- Arthrites

- Infections musculo-squelettiques

- Infections respiratoires


Systémique :

- Entérites

- Sepsis/Septicémies à bactéries à Gram-négatif

- Infections urinaires

Précisions

Aucune

Doses

Si la CMI de la bactérie provoquant l’infection est dans les limites basses de sensibilité, il faut utiliser la limite basse de la dose d’antibiotique. Si la CMI est dans les limites hautes de sensibilité, il faut utiliser la limite haute de la dose d’antibiotique ou choisir un antibiotique plus efficace.

GENTAMICINE :

USAGE TOPIQUE/LOCAL PRINCIPAL

Voie systémique :

Chat : 5 – 8 mg/kg SID IV/IM/SC

Chien : 9 – 14 mg/kg SID IV/IM/SC

ATTENTION : en cas de patient avec une insuffisance rénale, il faut calculer une nouvelle fréquence d'administration. Les reins étant une voie d’élimination majeure des aminosides.

Nouvelle fréquence = Fréquence Standard x (1 / [Créatinine sanguine normale / Créatinine sanguine du patient])


Remarque : il est toujours important d’adapter la dose ou la fréquence chez un patient hospitalisé, malade voire critique. La perfusion, les défaillances organiques et les autres molécules de traitement peuvent modifier la disponibilité d’un antibiotique et limiter son efficacité voire augmenter sa toxicité.

L’efficacité clinique pour ces antibiotiques est maximisée avec un pic de concentration dans le plasma au minimum de 4 à 8 fois la CMI (ratio de 4 :1 – 8 :1).

Pour maximiser l’efficacité des antibiotiques Dose Dépendant, il peut être nécessaire d’augmenter la dose et de garder la même fréquence d’administration.

Durée de traitement

La durée du traitement dépend de la chronicité de la maladie et de sa location. Une simple règle, plus l’infection est chronique et inaccessible, plus il faut traiter longtemps. A l’inverse, plus l’infection est aiguë et accessible, plus la durée de traitement est courte.

Eviter une utilisation supérieure à 7 jours par voie systémique



Associations

Ne pas associer avec le chloramphénicol, les tétracyclines ou les macrolides.

Action synergique avec :

Bétalactamines (pénicillines / céphalosporines) : utilisation lors d’infection à Streptococcus, Enterococcus, Pseudomonas et autres bactéries à Gram-négatif. Ne pas mélanger avec la gentamicine dans la même seringue, bien flusher entre les injections via un système de perfusion.

Triméthoprimesulfamides : utilisation lors d’infection à E. coli et Klebsiella pneumonia

Remarque : Risque accru de néphrotoxicité en cas d’association avec la cisplatine, la vancomycine et l’amphothéricine B